Le secret d’une vidéo onirique tout en douceur ? La cinéaste Nora Nord nous dit tout...

Libérez votre récit

Lorsque Nora a soumis son idée de tournage à WaterBear et à Nikon, elle savait qu’elle était la bonne personne pour raconter cette histoire. « Le film est un instantané d’une période de ma vie qui a connu nombre de changements, d’incertitudes et de nouveaux départs », explique-t-elle. « C’est une ode aux fems (les personnes Queer qui ont une expression de genre féminine) et à la façon dont elles m’ont présenté différentes façons d’évoluer dans le monde », explique Nora. « Le scénario est basé sur une conversation à laquelle j’ai participé sur les réseaux sociaux sur le fait d’être une fem dans les espaces queer et de ne pas "avoir l’air assez queer". Certaines personnes ont dit qu’elles avaient changé d’apparence pour se faciliter la vie. D’autres ont raconté qu’elles avaient été exclues d’espaces Queer parce qu’on les avais prises pour des hétérosexuelles. Pratiquement tout le monde estimait que les fems étaient jugées sur la base de stéréotypes dépassés.

« De plus, ce n’est pas un sujet de conversation courant, car le fait de passer pour hétéro dans un monde homophobe et transphobe implique un certain privilège. Mon film parle de ne pas être reconnu par une communauté et de trouver son propre espace. J’espère qu’il inspirera des débats. »

Pour un obtenir un aspect éthéré doux, utilisez un objectif à focale fixe de 35 mm et une matte box

Pour ses films, Nora a utilisé le Nikon Z 8 et les objectifs vintage NIKKOR-H Auto 50mm f/2 et NIKKOR 35mm f/2.8 AI avec un adaptateur pour monture FTZ II. « La définition de l’appareil photo hybride était extrêmement nette, mais je voulais opter pour du verre vintage, qui me semblait plus cinématographique, plus doux, plus imparfait. Nous avons utilisé une matte box pour y placer le filtre à brume de diffusion afin d’obtenir une finition adoucie », explique Nora. « Nous avons tourné la quasi-totalité du film à l’aide d’un objectif à focale fixe de 35 mm, et quelques plans de reportage sur un 50 mm. J’adore l’apparence qu’un 35 mm confère au monde. Ce n’est pas exactement ce que nos yeux voient, mais nous recevons une multitude d’informations. Je n’apprécie pas vraiment les tournages qui me dictent l’emplacement de ma mise au point. J’aime pouvoir voir où mon œil me mène plutôt que d’être directement guidée. C’était aussi une décision pratique, car il était plus rapide de tourner avec un seul objectif. »

Astuce : Les filtres d’effets sont souvent utilisés pour donner un nouvel élan créatif à votre photo et à votre film, que ce soit par une distorsion intéressante, une autre dominante de couleurs ou un aspect nostalgique. Les filtres Pro-Mist, par exemple, réduisent le contraste et font ressortir les hautes lumières pour produire une image plus douce. Vous cherchez un guide sur les filtres ? Cliquez ici.

Tournez à main levée avec une grande ouverture

« Nous n’avons filmé que quelques scènes à l’aide d’un trépied, y compris le flashback, car je le souhaitais très fixe, mais la majeure partie du film a été tournée à main levée », explique Nora. « Cela a renforcé l’aspect imparfait. » Elle recommande d’utiliser un filtre de densité neutre en cas de forte luminosité lorsque vous souhaitez maintenir une grande ouverture (pour elle, c’était f/2), en particulier pour les scènes de flashback et les prises de vue en 4K, bien qu’elle ait parfois souhaité tourner en 8K. « À postériori, j’aurais aimé utiliser la capacité du Z 8 à tourner en 8K. Dans le court laps de temps, il nous a fallu zoomer pas mal sur certains plans, parce que nous ne pouvions pas tourner deux fois, et la possibilité de filmer en 8K aurait été incroyable. »

Réglages de l’appareil photo de Nora :

Cadence de prise de vue et définition : 24 vps et 4 K 

Vitesse d’obturation : 1/50 s (à 24 vps)

Ouverture : f/2, f/5.6 et f/11 ont été les plus utilisées

Sensibilité : 400 ISO

Balance des blancs : fidèle à la température de couleur de l’environnement

Se préparer à l’inattendu

Quel a été votre sentiment lorsque vous avez tourné les scènes de dialogue par rapport aux scènes muettes ? « Stressant ! » Nora rit. « Nous avons passé un temps fou à filmer Thea et son petit ami dans un café du sud de Londres (quand elle reçoit un appel téléphonique), mais à la fin, nous avons coupé une grande partie de cette scène (qui à elle seule durait initialement 12 minutes). Ce soir-là, nous avons tourné la scène du club, mais il nous a fallu attendre jusqu’à 19 heures pour que le soleil se couche car nous ne pouvions pas bloquer totalement la lumière, et au final n’avons eu que 90 minutes pour filmer toutes les scènes de dialogue – les quatre pages ! » Nora a adoré la manière dont les acteurs ont prononcé leurs répliques et la façon dont les dialogues ont accentué la narration naturelle et authentique qu’elle souhaitait.

Exploiter le faible éclairage à son avantage

Lorsque le budget est limité, il faut penser efficacement, dit Nora. « Étant donné la quantité de matériel à déplacer et la taille de l’équipe, nous avons voulu tourner au même endroit. Au final, nous avons utilisé l’appartement de ma productrice Emily, qui nous a également servi de base pour la séquence où la protagoniste Thea se réveille dans une nouvelle chambre. Je me suis demandé comment je pouvais exploiter astucieusement tout cet espace. La bonne nouvelle, c’est que j’adore tourner dans des conditions de faible luminosité et, pour la scène du bain en particulier, la lumière passait par la fenêtre de la pièce, ce qui nous a aidés parce que nous cherchions un bel aspect doré. À l’origine, nous devions simplement tourner en lumière naturelle, mais la journée était grise et triste, alors nous avons ajouté un éclairage DEL orange pour tout réchauffer. »

L’animation renforce l’aspect imaginaire

« Je voulais travailler sur l’animation parce que j’ai parfois l’impression que ce qu’on voit ne se traduit pas vraiment en ce qu’on ressent », explique Nora. « Il y a un sens de l’imaginaire et du jeu. C’est très enfantin et on ressent qu’il existe autre chose au-delà de ce que l’œil peut capter. Il était important que l’animation reste subtile, et elle est associée à l’adolescence de Thea, entre 12 et 17 ans. »

La musique accentue le sentiment éthéré

« Je voulais que la musique du film évoque la sensation d’être dans un train, de regarder à l’extérieur et de tout voir filer devant vous en un instant », ajoute Nora. « La musique suscite avec puissance les émotions et c’est pourquoi il est important pour moi qu’elle soit appropriée, même dans un court métrage. Pour Thea, il se passe beaucoup de choses et elle traverse plusieurs espaces mentaux – passant d’un sentiment de malaise à mieux se sentir dans sa peau, tout en remettant en question les espaces. Je voulais que la musique corresponde à cela. »

Contrastez votre étalonnage

Le montage en postproduction est essentiel pour améliorer l’effet global du film. « Je voulais que les couleurs soient ternes quand Thea est au lit au début, pour montrer à quel point elle est mal à l’aise », explique Nora. « Avec les flashbacks, j’ai vraiment été inspirée par le livre de photos Girl Pictures de Justine Kurland – elle a utilisé de nombreuses couleurs primaires pour générer cette chaleur et le sentiment de revenir avec tendresse sur des souvenirs. En revanche, pour la scène du club, nous voulions utiliser des lampes tubulaires rouges pour évoquer ce club Queer sexy et pour la nuance de couleur nous sommes restés fidèles à la couleur de la vraie pièce. »

La réalisation de films est un processus collaboratif

« Lorsque vous passez de la photographie à la réalisation de films, le facteur clé à retenir, c’est votre équipe », explique Nora. « C’est un processus collaboratif qu’on ne peut pas faire seul. Et qu’on ne doit pas faire seul. Gérer une équipe, c’est résoudre des problèmes, être respectueux et permettre à tous d’être aussi créatifs que vous vous permettez de l’être. » Le conseil ultime de Nora ? « Laissez votre flux créatif s’écouler et n’oubliez pas de vous accorder l’espace et la grâce. »

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