Le cosmos en images : découvrir la galaxie avec une réalisatrice de documentaires
Angel Fux partage ses histoires et ses secrets dans son documentaire « The Shot Above », filmé avec le Nikon Z6III, et révèle comment elle a photographié un paysage de montagne éclairé par la Voie lactée.
« La première fois que j’ai essayé de prendre cette photo, je n’y suis pas parvenue, car il s’agit d’une ascension extrêmement dangereuse à faire sans guide. Des gens sont morts en glissant de cette falaise par le passé », explique Angel Fux, une photographe franco-suédoise vivant en Suisse. Elle raconte comment elle a tenté en 2023 de photographier la Voie lactée : traversant tout un parterre de constellations, son flamboiement nocturne enveloppe trois lacs glaciaires en contrebas des Andes péruviennes enneigées. Un an plus tard, elle a non seulement réalisé cette extraordinaire prouesse photographique, mais elle a également dirigé, filmé et produit un documentaire sur les coulisses de son voyage.
Une idée prend forme
« L’idée de cette photo m’est venue lors de ma première visite dans les Andes », explique Angel. Elle aime mélanger la réalité et l’imagination en créant des photographies composites. Cela nécessite une planification minutieuse et des expéditions exigeantes dans des environnements isolés et souvent rudes. « Je pouvais voir les étoiles s’aligner parfaitement au-dessus de la chaîne de montagnes et l’image a commencé à prendre forme dans ma tête. Mais je savais que je ne serai pas à la hauteur, c’est pourquoi j’ai décidé d’y retourner l’année suivante et de tout mettre en œuvre pour y parvenir ». Heureusement, en tant qu’utilisatrice assidue des produits Nikon et collaboratrice régulière de la marque, Angel, qui a redécouvert sa passion d’enfance pour la photographie pendant la pandémie de 2020, s’est appuyée sur sa relation existante avec Nikon, qui s’est montrée ravie de soutenir le projet.
Au bon endroit au bon moment
« La raison pour laquelle j’ai choisi cet endroit, c’est qu’il rassemblait tous les éléments que j’aime photographier. D’habitude, ils sont dispersés, mais ici, ils étaient tous regroupés dans une même vue », explique Angel lorsqu’on la questionne sur le choix de cet endroit en particulier. « Il y a donc d’immenses sommets montagneux, de la neige, des lacs, lesquels sont généralement d’un bleu intense en raison de l’eau des glaciers – tout ce qui m’attire est ici concentré dans un panorama à 180°. La deuxième raison, c’est que venir jusque ici pour prendre cette photo représentait un énorme défi physique, technique et mental. Mais je tenais vraiment à le relever.
« La saison était également importante, car il n’y a pas quatre saisons dans les Andes. Il y a une saison sèche et une saison des pluies. Nous n’avions donc que cette fenêtre de temps entre mai et septembre, durant laquelle nous pouvions compter sur un ciel dégagé, sans pluie ni neige, ce qui aurait rendu la randonnée plus difficile. »
Élaboration du projet
« Le match se gagne pendant la phase des préparatifs », déclare Angel, en réfléchissant au travail de préparation accompli. « J’ai commencé à planifier en septembre, juste après mon retour de ma première visite. Un peu plus d’un mois avant le départ, j’ai passé tout mon temps à définir ce dont j’avais besoin pour la photo elle-même, la liste des séquences requises pour le film, le scénario, l’approvisionnement en matériel, le test des équipements, ainsi qu’un entraînement physique intense, car j’allais non seulement gravir des montagnes, mais aussi porter beaucoup de matériel ».
Afin de lutter contre le mal des montagnes, un trouble qui peut quasiment pétrifier les alpinistes lors d’une montée rapide à haute altitude, Angel a consacré un mois entier à la randonnée et au trekking, et a subi les contrôles médicaux et les préparations nécessaires pour en limiter les effets et maximiser ses chances de réussite.
Destination Pérou
Le tournage du documentaire a commencé au milieu de l’année 2024, lorsqu’Angel s’est envolée pour l’Amérique du Sud. Accompagnées d’une équipe de porteurs locaux, de guides et de leurs mules, Angel et son amie et assistante Ottilie Honoré ont réalisé la longue et difficile ascension de plusieurs jours, campant à des températures proches de zéro. Pendant le mois et demi qui a suivi, elle a immortalisé chaque instant en 4K, en s’appuyant uniquement sur le Nikon Z6III associé à ce qu’Angel appelle son « objectif astro » (le NIKKOR Z 20mm f/1.8 S) pour les prises de vue grand-angle dans des conditions de faible luminosité et les scènes nocturnes, et l’objectif polyvalent NIKKOR Z 50mm f/1.8 S pour tout le reste. « Le Nikon Z6III est très facile à transporter et à manipuler, parce qu’il est super compact et qu’il offre de nombreuses fonctionnalités de tournage, très adaptées à la vidéo », dit-elle. « L’écran inclinable était très utile pour la composition des scènes et il gérait très bien la faible luminosité. Même par des températures avoisinant les -10 °C certaines nuits, je n’ai pas eu de problème de gel avec l’appareil photo ou de déchargement de l’accumulateur. Il était fantastique ».
La photo qui compte
Malgré plusieurs difficultés, notamment le fait qu’Ottilie ait été victime du mal des montagnes, ce qui a laissé Angel seule pour gérer un plus grand nombre de tâches dans un contexte de fatigue et de délais serrés, et des conditions météorologiques imprévisibles, qui l’ont contrainte à modifier son projet initial (la photo finale nécessitant un post-traitement supplémentaire pour tenir compte de la couverture nuageuse au-dessus des montagnes), Angel a persévéré. Mais les difficultés et l’adversité ont rendu la victoire encore plus gratifiante lorsqu’elle a finalement obtenu la photo pour laquelle elle avait fait tant de chemin. « Je me suis sentie profondément émue et reconnaissante et j’ai éprouvé un immense sentiment de soulagement, car j’avais la photo en sécurité entre mes mains. Bien entendu, il restait beaucoup de travail à faire, car le tournage n’était pas terminé », dit-elle.
Angel a utilisé le Nikon Z8 et l’objectif NIKKOR Z 14-24mm f/2.8 S pour réaliser huit photos verticales de la chaîne de montagnes et du lac, tandis que la section de la Voie lactée a été prise en 16 photos verticales à l’aide d’un Nikon Z6* astro-modifié et d’un objectif 20 mm sur un suiveur d’étoiles. « Sur les appareils photo astro-modifiés*, le filtre du capteur, qui bloque les infrarouges et certaines parties du spectre visible, est retiré par un professionnel. Sans cela, il peut capturer une plus large gamme de lumière, y compris les longueurs d’onde infrarouge et H-alpha (Ha), qui contiennent tous les détails et les couleurs du ciel nocturne », explique Angel. Elle conseille aux photographes en herbe du ciel nocturne d’utiliser des objectifs avec une ouverture de f/2.8 ou plus et de toujours bien vérifier la mise au point. « Je ne sais combien de fois il m’est arrivé de penser que la mise au point était faite, alors que j’avais dû toucher la bague et que tout était déréglé », dit-elle. Assurez-vous également d’avoir plus de photos que nécessaire, non seulement de la scène, mais aussi de la vue en hauteur et sur les côtés, au cas où vous souhaiteriez les superposer. Vous disposerez ainsi de plus d’informations à exploiter en post-production. »
De retour chez elle au chaud, Angel a créé le panorama en assemblant entre elles les photos au format RAW du ciel, du paysage et d’elle-même à l’aide de logiciels spécialisés en astrophotographie, Adobe Lightroom et Photoshop, la scène finale comprenant également deux images superposées de la photographe en personne. « C’est ma signature », explique-t-elle. « Cela ajoute un peu de piment, ainsi qu’une indication d’échelle. Je porte la veste jaune parce que j’aime le jaune depuis toute petite, et qu’il est à l’opposé du bleu sur la roue chromatique, et donc se démarque. »
La touche finale
Certains enregistrements sonores ont été réalisés sur place, dans les montagnes. Cependant, Angel a enregistré la majeure partie de la narration du documentaire plus tard, dans un studio insonorisé, afin de garantir une qualité d’enregistrement élevée. C’est là qu’elle a montré une autre facette de son talent créatif : elle a entrecoupé le film d’affirmations en apparence isolées, qui formaient tout un poème au final. « Mon public est habitué à ce que j’accompagne mes photos de textes. Cette façon de faire procurait une articulation parfaite au film », déclare-t-elle.
Le documentaire d’Angel The Shot Above, qui montre le paysage nocturne stellaire, peut être visionné sur YouTube. Elle y remercie entre autres Ottilie Honoré, Noé Bregnard, Prince Berkoh et Rémy Brahier pour l’aide apportée à sa réalisation. Le documentaire constitue la deuxième sortie cinématographique d’Angel, après son premier court métrage In Pursuit of a Vision avec le cinéaste Rémy Brahier, qui a récemment remporté la troisième place aux Siena International Photo Awards.
Les choses à faire et à ne pas faire dans les documentaires d’Angel
- Voyager léger
« Il n’est pas nécessaire d’emporter des accessoires fantaisistes si l’on part en pleine nature. Ils ne feront qu’ajouter du poids dont vous n’aurez pas besoin, et cela rendra le tournage plus pénible. »
- Les scènes au ralenti sont essentielles
« L’objectif de cette technique est de casser le rythme de manière créative avant de revenir à quelque chose de plus dynamique, avec des scènes telles que l’écoulement de l’eau, ou des scènes de contemplation. Pour le ralenti, j’enregistre tout à 50 vps. »
- Verrouillez la sensibilité et jouez avec l’ouverture
« La meilleure sensibilité (ISO) de tournage pour un minimum de bruit et de grain dans l’ombre est de 800 ISO, et pour les séquences en basse lumière, optez pour une double sensibilité, soit 6400 ISO. Si je veux filmer à 50 vps, j’utilise un temps d’exposition de 1/100 de seconde ou, si je choisis 25 vps, alors j’utilise un temps de 1/50 de seconde. Ces paramètres sont verrouillés. Ensuite, il suffit de jouer avec l’ouverture et les filtres ND lorsqu’il y a trop ou pas assez de lumière ».
- Filmer des paysages nocturnes et des scènes en conditions de faible luminosité
« Pour filmer les étoiles, il est préférable de créer des séquences accélérées et, pour un événement tel qu’une aurore boréale, vous pouvez la filmer directement si elle se déplace rapidement. Si vous souhaitez filmer quelque chose de spécifique en basse lumière, éclairez le sujet à l’aide d’une lampe pour tout d’abord verrouiller la mise au point. »
- Être créatif dans ses cadrages
« En général, chaque scène doit raconter quelque chose – soit une partie de l’histoire, soit une information, soit un contexte. Filmez ce que vous voulez voir. Imaginez que l’appareil photo n’est qu’une extension de votre regard. »
- Tout repose sur la préparation
« Comme j’avais aussi toute la liste des séquences nécessaires pour le film, il était beaucoup plus facile d’avoir une idée précise du scénario et du moment où il fallait filmer. Cela m’a aidé à créer un programme pour chaque jour de randonnée - ce que nous ferions, à quelle heure, avec quel angle, s’il y avait des voix ou non, ainsi que du son. »
Caractéristiques techniques du Z6III pour la vidéo
- Appareil photo : Nikon Z6III (appareil photo principal)
- Objectifs : NIKKOR Z 20mm f/1.8 S et NIKKOR Z 50mm f/1.8 S
- Résolution : 4K
- Profil du journal : N-Log pour l’étalonnage des couleurs
- Sensibilité : 800 ISO et 6400 ISO (pour les conditions de faible éclairage)
- Cadences de prise de vue et vitesse d’obturation : 50 vps (vitesse d’obturation : 1/100 s) et 25 vps (vitesse d’obturation : 1/50 s)
Angel Fux : Comment j’ai pris la photo
00:56: « Cette scène (ci-dessus) me montre en train de gravir la montagne, alors que j’apparais toute petite avec le relief gigantesque en arrière-plan. J’ai inclus cette scène pour montrer à quel point tout est grand et haut, car il est difficile de s’en rendre compte. Les montagnes sont tellement plus hautes et plus vastes que ce que l’on voit sur la photo. Nous avons donc essayé de le montrer dès l’introduction. »
08:30: « C’est la Voie lactée qu’il fallait absolument obtenir, car elle est d’une importance capitale pour l’ensemble du film. Le film n’est pas un clip vidéo en soi, mais une succession de photos réalisées sur une période d’une heure et demie. Pour ce faire, j’ai utilisé le mode intervallomètre du Nikon Z8 avec le traqueur d’étoiles. Je peux ainsi effectuer l’assemblage en post-production, où je peux traiter les fichiers RAW un par un, ce que l’on ne peut faire avec les vidéos accélérées (time-lapse) issues de l’appareil photo. Il suffit de sélectionner le temps nécessaire en secondes pour une vidéo et de la laisser tourner. C’est super utile et c’est l’une des fonctions que j’utilise le plus souvent, qu’il s’agisse de filmer en accéléré ou de me placer dans le cadre. »
12:12: « C’est donc ici que je me mets en scène. Vous pouvez voir l’emplacement et commencer à vous faire une idée de ce à quoi la photo finale pourrait ressembler. L’une des raisons pour lesquelles j’aime ce clip, c’est qu’il a été pris à l’heure bleue, lorsque l’on obtient la meilleure lumière et les plus belles couleurs. J’ai utilisé à la fois le Nikon Z8 et le Nikon Z6III et j’ai opté pour un Apple ProRes HQ N-Log 4K afin de pouvoir effectuer mon étalonnage par la suite, mais les couleurs étaient déjà incroyables dans l’espace colorimétrique Rec. 709 LUT de l’appareil photo, et ce avant toute retouche. »
Caractéristiques techniques du Z6III pour la vidéo
- Appareil photo : Nikon Z6III (appareil photo principal)
- Objectifs : NIKKOR Z 20mm f/1.8 S et NIKKOR Z 50mm f/1.8 S
- Résolution : 4K
- Profil du journal : N-Log pour l’étalonnage des couleurs
- Sensibilité : 800 ISO et 6400 ISO (pour les conditions de faible éclairage)
- Cadences de prise de vue et vitesse d’obturation : 50 vps (vitesse d’obturation : 1/100 s) et 25 vps (vitesse d’obturation : 1/50 s)
Sac photo
Boîtiers
Nikon Z8, Nikon Z6III, Nikon Z6a (un Nikon Z6* astro-modifié), kit de vlogging Nikon Z30
Objectifs
NIKKOR Z 14-24mm f/2.8 S, NIKKOR Z 20mm f/1.8 S, NIKKOR Z 50mm f/1.8 S, NIKKOR Z 70-200mm f/2.8 S, NIKKOR Z 24-70mm f/2.8 S
Accessoires
Deux drones, des microphones, un traqueur d’étoiles, des filtres divers, une cage d’appareil photo, des trépieds, des accumulateurs supplémentaires
*Pour les modifications astro, les appareils photo d’origine sont modifiés par des tiers, à la demande de photographes, et ce à leurs propres risques. Nikon décline toute responsabilité pour les modifications effectuées par des tiers et de telles modifications annulent immédiatement la garantie.
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